J’ai grandi à Rmeich, près de la frontière entre Israël et le Liban, dans une ambiance de guerre civile. J’ai encore en mémoire des images de mines qui explosent et d’innocentes victimes aux membres arrachés. La vie était dure, la criminalité et la violence étaient partout.

Ma famille appartenait à l’Église catholique maronite. Papa était très pris par son travail. Il avait 12 bouches à nourrir. Mais maman veillait à ce que le reste de la famille aille à l’église. Les années passant, j’ai commencé à trouver que l’Église, comme la société en général, ne prenait pas soin des faibles.

À l’adolescence, je me suis passionné pour le kung-fu. J’ai suivi un entraînement intensif. Je maîtrisais parfaitement les frappes de la main et du pied, ainsi que le maniement de plusieurs armes. Je me disais : « Je ne peux pas empêcher la guerre, mais je peux au moins essayer d’empêcher les gens violents de faire du mal aux autres. » J’intervenais à chaque fois que je voyais deux personnes se battre. J’étais impulsif, et il en fallait peu pour me mettre en colère. On me craignait dans tout le sud du Liban, car je menais mon propre combat contre l’injustice et la violence.

En 1980, je me suis inscrit à une école de kung-fu à Beyrouth. Bombes, obus et roquettes pleuvaient quotidiennement, mais ça ne m’empêchait pas d’aller à mon entraînement. Tout ce qui comptait pour moi, c’était manger, dormir et vivre comme Bruce Lee, un acteur américain d’origine chinoise. C’était un maître de kung-fu. J’avais adopté sa coupe de cheveux, sa démarche et sa façon de crier quand il exerçait son art. Je ne souriais jamais.

Mon but était de devenir maître de kung-fu en Chine. Un soir, alors que je m’entraînais, quelqu’un a frappé à ma porte. C’était un ami accompagné de deux Témoins de Jéhovah. Dégoulinant  de sueur dans ma tenue d’entraînement noire, je leur ai dit : « Je ne connais rien à la Bible. » J’étais loin d’imaginer que cette visite allait changer ma vie...

Les Témoins m’ont montré dans la Bible pourquoi les humains sont incapables d’éliminer l’injustice et la violence. Ils m’ont expliqué que Satan le Diable est derrière tous ces problèmes (Révélation 12:12). J’étais impressionné par la paix et la sérénité qu’ils dégageaient. Et j’ai été très touché d’apprendre que Dieu a un nom (Psaume 83:18). Les Témoins m’ont aussi montré 1 Timothée 4:8 : « L’exercice corporel est utile à peu de chose, mais l’attachement à Dieu est utile à toutes choses puisqu’il a la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir. » Ces paroles allaient avoir un effet considérable sur ma vie.

Malheureusement, j’ai perdu contact avec les Témoins parce que ma famille leur a dit de ne plus revenir. Mais ma décision était prise : j’allais arrêter le kung-fu et me mettre à étudier la Bible. Malgré le mécontentement de mes frères, j’étais déterminé à retrouver les Témoins.

Je les ai cherchés un certain temps, mais sans succès. Durant la même période, j’ai été profondément affecté par la mort soudaine de mon père, ainsi que d’autres drames familiaux. Je travaillais pour une entreprise de construction. Un jour, Adel, un collègue, m’a demandé pourquoi j’avais l’air si triste. Il m’a parlé de l’espoir de la résurrection contenu dans la Bible. Pendant neuf mois, ce Témoin plein de bonté et d’amour m’a patiemment aidé à étudier la Bible.

À mesure que j’étudiais, je me suis rendu compte que j’avais de gros changements à faire dans ma personnalité. Ça n’a pas été facile. J’étais susceptible et irritable. Mais la Bible m’a montré comment je pouvais me maîtriser. Par exemple, Matthieu 5:44 contient ce conseil de Jésus : « Continuez d’aimer vos ennemis et de prier pour ceux qui vous persécutent. » Et Romains 12:19 déclare : « Ne vous vengez pas vous-​mêmes, [...] car il est écrit : “À moi la vengeance ; c’est moi qui paierai de retour, dit Jéhovah.” » Petit à petit, ces versets et d’autres m’ont aidé à trouver la paix intérieure.

Bien qu’au début ma famille se soit opposée à ma décision d’étudier avec les Témoins de Jéhovah, aujourd’hui elle respecte ma religion. Un de mes frères est devenu lui aussi Témoin. Jusqu’à sa mort, maman a pris notre défense quand on critiquait notre foi.

J’ai aussi le bonheur d’être marié à une femme formidable, Anita, qui m’accompagne fidèlement dans l’activité d’évangélisation, à laquelle nous consacrons 70 heures par mois. Depuis l’an 2000, nous vivons à Eskilstuna, en Suède, où nous enseignons la Bible à des personnes qui parlent arabe.

Ça m’attriste toujours de voir des gens être victimes de violences. Mais le fait de connaître la cause de ces souffrances — et de savoir que Dieu va bientôt y mettre fin — me remplit de joie et de paix (Psaume 37:29).