Ils se sont offerts volontairement... en Russie
EN 1991, LES activités des Témoins de Jéhovah de Russie ont été officiellement enregistrées. Pour leur plus grande joie, l’interdiction qui pesait sur leur œuvre depuis de longues années a été levée. Toutefois, peu d’entre eux s’imaginaient alors que la Russie compterait un jour dix fois plus de proclamateurs. En effet, ils sont aujourd’hui près de 170 000 ! Parmi ces vaillants prédicateurs du Royaume figurent des Témoins d’autres pays venus s’installer en Russie pour participer à la moisson spirituelle (Mat. 9:37, 38). Faisons connaissance avec certains.
DES FRÈRES DÉVOUÉS PARTICIPENT À LA CONSOLIDATION DES CONGRÉGATIONS
L’année où l’interdiction a été levée, Matthew, originaire de Grande-Bretagne, avait 28 ans. Cette année-
« L’apprentissage de la langue n’a pas été facile, se souvient-
En 1999, à 25 ans, Hiroo a été diplômé de l’École de formation ministérielle au Japon. Un des instructeurs
l’a encouragé à prêcher dans un territoire d’expression étrangère. Ayant appris qu’il y avait un grand besoin de renfort en Russie, il s’est mis à apprendre le russe. Mais ce n’est pas tout. « J’ai fait un séjour de six mois en Russie. Sachant que les hivers y sont rudes, j’y suis parti en novembre pour voir si je serais capable de supporter le froid. » Après avoir « survécu » à cet hiver, Hiroo est retourné au Japon, où il a mené une vie très simple afin d’économiser assez d’argent pour repartir en Russie et y rester.Aujourd’hui en Russie depuis 12 ans, il a fait partie de différentes congrégations. Il lui est arrivé d’être le seul ancien pour plus d’une centaine de proclamateurs. Dans une congrégation, chaque semaine il a présenté la plupart des parties de la réunion de service et conduit l’École du ministère théocratique, l’étude de La Tour de Garde et cinq études de livre de la congrégation. Il faisait également de nombreuses visites pastorales. Il se souvient : « J’ai eu beaucoup de joie à aider des frères et sœurs à devenir plus forts spirituellement. » Quels bienfaits servir Dieu dans un pays ayant besoin de renfort lui a-
Matthew, 34 ans, et son frère Michael, 28 ans, viennent du Canada. Lors d’un séjour en Russie, ils ont été stupéfaits de voir le nombre important de personnes non Témoins qui assistaient aux réunions et le peu de frères disponibles pour diriger ces réunions. Matthew déclare : « Je me suis associé à une congrégation qui comptait 200 personnes à ses réunions. Pour diriger les réunions, il n’y avait qu’un ancien avancé en âge et un jeune assistant ministériel. Cette situation m’a donné envie de m’installer dans le pays pour soutenir ces frères. » Matthew est parti vivre en Russie en 2002.
Quatre ans plus tard, Michael s’est à son tour installé en Russie. Il a vite constaté qu’il y avait encore pénurie de frères. Étant assistant ministériel, il s’est vu confier la gestion des comptes, des publications et des territoires. On lui a également demandé de faire le travail qu’on confie normalement au secrétaire de la congrégation, de donner des discours publics et de participer à l’organisation des assemblées et à la construction de Salles du Royaume. En fait, aujourd’hui encore, les congrégations ont besoin de beaucoup d’aide. Bien qu’endosser de nombreuses charges ne soit pas toujours facile, Michael, aujourd’hui ancien, déclare : « Venir en aide aux frères me procure une grande satisfaction. C’est la meilleure manière d’occuper ma vie ! »
Entre-temps, Matthew a épousé Marina, et Michael, Olga. Aux côtés de nombreux autres chrétiens dévoués, les deux couples continuent d’apporter leur soutien aux congrégations, qui ne cessent de croître.
DES SŒURS ZÉLÉES PARTICIPENT À LA MOISSON
En 1994, alors que Tatiana avait 16 ans, six pionniers spéciaux venant de République tchèque, de Pologne et de Slovaquie ont été affectés dans sa congrégation, en Ukraine. Elle en garde un souvenir affectueux : « C’étaient des pionniers zélés, abordables et gentils, et ils connaissaient bien la Bible. » Voyant la façon dont Jéhovah bénissait leur esprit de sacrifice, elle s’est dit : « Je veux être comme eux. »
Encouragée par l’exemple de ces pionniers, Tatiana profitait des vacances scolaires pour se rendre avec d’autres proclamateurs dans des endroits d’Ukraine et de Biélorussie où les Témoins n’avaient pas encore prêché. Elle aimait tant prêcher dans ces territoires éloignés qu’elle a pris des dispositions pour s’installer en Russie, où elle pourrait étendre son ministère. Elle y a d’abord fait un court séjour, chez une sœur qui avait quitté son pays pour vivre en Russie. Elle a également cherché un emploi qui lui permettrait
Elle raconte : « N’ayant pas les moyens de louer un appartement, j’ai dû louer une pièce chez des gens. C’était loin d’être idéal. J’ai parfois eu envie de retourner au pays. Mais Jéhovah m’a toujours aidée à comprendre que je retirerai des bienfaits à poursuivre mon service ici. » Aujourd’hui, Tatiana est missionnaire en Russie. Sa conclusion : « Toutes ces années passées loin de mon pays m’ont permis d’acquérir une précieuse expérience et de me faire beaucoup d’amis. Par-dessus tout, elles ont fortifié ma foi. »
Masako, originaire du Japon, a aujourd’hui la petite cinquantaine. Elle avait toujours rêvé d’être missionnaire, mais, en raison de problèmes de santé, cet objectif lui semblait inaccessible. Pourtant, sa santé s’étant quelque peu améliorée, elle a décidé d’aller participer à la « moisson » en Russie. Bien qu’elle ait eu du mal à trouver des logements convenables et un emploi stable, elle a réussi à subvenir à ses besoins tout en étant pionnière. Comment ? En donnant des cours de japonais et en faisant des ménages. Grâce à quoi a-
Repensant à ses 14 années de service en Russie, elle déclare : « La joie que me procure le ministère compense n’importe quelle épreuve que je traverse. La prédication dans des régions où les proclamateurs du Royaume ont besoin de beaucoup de renfort est dynamisante et enthousiasmante. » Elle ajoute : « La façon dont Jéhovah m’a fourni au fil des années la nourriture, l’habillement et un toit est à mes yeux un miracle des temps modernes. » Masako a participé à la moisson dans des régions pauvres en proclamateurs non seulement en Russie, mais aussi au Kirghizstan. De plus, elle a eu la possibilité de soutenir des groupes d’expression anglaise, chinoise et ouïgoure. Actuellement, elle est pionnière à Saint-Pétersbourg.
DES FAMILLES APPORTENT LEUR SOUTIEN ET EN RETIRENT DES BÉNÉDICTIONS
Souvent, en raison de l’insécurité économique, des familles partent vivre dans d’autres pays dans le but d’élever leur niveau de vie. Mais comme Abraham et Gen. 12:1-9). Prenons le cas de Mikhaïl et Inga, un couple d’Ukraine parti vivre en Russie en 2003. Ils ont rapidement trouvé des gens qui cherchaient la vérité biblique.
Sara jadis, certaines familles émigrent pour poursuivre des objectifs spirituels (Mikhaïl raconte : « Un jour que nous prêchions de porte en porte dans une région où les Témoins n’avaient encore jamais prêché, un homme âgé nous a ouvert et nous a demandé : “Êtes-
Iouri et Oksana ont aujourd’hui environ 35 ans, et leur fils, Alekseï, 13 ans. En 2007, cette famille d’Ukraine a visité le Béthel de Russie. Ils y ont vu une carte du pays montrant de vastes territoires non attribués. « En regardant cette carte, dit Oksana, nous avons mieux que jamais mesuré l’importance du besoin en prédicateurs du Royaume. Ça nous a poussés à partir vivre en Russie. » Mais d’autres choses les ont aidés à mûrir leur décision. Iouri explique : « La lecture d’articles de nos publications comme : “Pouvez-
Mais trouver du travail n’a pas été si simple. De plus, ils ont dû déménager plusieurs fois. Iouri témoigne : « Nous demandions souvent à Jéhovah de nous aider à ne pas nous décourager, puis nous continuions de prêcher, confiants dans son soutien. Nous avons vu comment il prend soin de ses serviteurs qui donnent la priorité aux intérêts de son Royaume. Cette forme de service nous a fortifiés spirituellement et a resserré nos liens familiaux » (Mat. 6:22, 33). Et le jeune Alekseï, quels bienfaits en a-
« MON UNIQUE REGRET »
Les témoignages de ces « moissonneurs » le montrent clairement : le chrétien qui change de région pour étendre son ministère doit faire totalement confiance à Jéhovah. C’est vrai, les prédicateurs « migrants » traversent des difficultés dans leur nouveau territoire, mais ils connaissent aussi la joie intense d’apporter la bonne nouvelle à des personnes réceptives au message du Royaume. Serais-
^ § 20 Voir notre édition du 15 octobre 1999, pages 23-27.