18 NOVEMBRE 2016
RUSSIE
PARTIE 1 Compléments
Témoignages exclusifs. Des spécialistes s’expriment : la Russie détourne la loi anti-extrémisme pour incriminer les Témoins de Jéhovah
Cette partie est la première d’une série de trois articles.
Les autorités russes cherchent à dissoudre le Centre administratif national des Témoins de Jéhovah au motif d’une prétendue « activité extrémiste », et dans les faits, à interdire les Témoins dans toute la fédération. Les Témoins ont fait appel du jugement rendu sur la base de cette accusation et ont remis en question la légalité de l’avertissement qui menace leur Centre administratif.
À propos de cette affaire concernant les Témoins et de la manière habituelle dont la Russie s’y prend pour combattre l’« extrémisme », des témoignages exclusifs d’experts en religion, en politique et en sociologie, ainsi que de spécialistes du monde soviétique et post-soviétique, ont été recueillis.
Pensez-vous que des groupes religieux pacifiques, comme les Témoins de Jéhovah, doivent être déclarés « extrémiste” et interdits dans la Fédération de Russie ?
« Non. D’après moi, il est absurde et incompréhensible de considérer les Témoins de Jéhovah comme des “extrémistes” » (Professeur William Bowring, professeur de droit, directeur LLM/MA Droits de l’homme, faculté de droit de Birkbeck, université de Londres ; avocat des barreaux de Middle Temple Inn et de Gray’s Inn, Royaume-Uni).
« Mes propres recherches sur la vie des Témoins de Jéhovah en Russie m’ont convaincu qu’ils forment une organisation religieuse foncièrement pacifique, forte d’une longue histoire en Russie (plus de 100 ans). Ces croyants n’ont rien à voir avec l’extrémisme. Pourtant, pour des raisons qui dépassent l’entendement, la justice les déclare extrémistes, et les traite exactement comme des terroristes, simplement parce qu’ils se rassemblent et tiennent des offices religieux, étudient la Bible et chantent des cantiques de louanges à Dieu » (Dr Ekaterina Elbakyan, professeur de sociologie et de gestion des mécanismes sociaux, Moscow Academy of Labor and Social Relations ; membre de l’European Association for the Study of Religion ; rédactrice en chef de l’édition russe des publications Westminster Dictionary of Theological Terms, Study of Religion et Encyclopedia of Religions, Russie).
« Les poursuites judiciaires contre les Témoins révèlent deux grandes caractéristiques d’une nouvelle politique religieuse issue des années 2000 : tout d’abord, cette politique est xénophobe et liée au rejet de toute influence occidentale ; ensuite, les charges retenues contre les Témoins sont fondées sur des stéréotypes antireligieux et des arguments empruntés à l’ère soviétique. Toutes ces irrégularités et ces méthodes utilisées contre les communautés “non-traditionnelles” caractérisent les procès actuellement menés contre les Témoins de Jéhovah » (Dr Roman Lunkin, directeur du Center for Religion and Society Studies à l’Institut de l’Europe, Académie des sciences de Russie à Moscou ; président de l’Union of Experts on Religion and Law, Russie).
« L’aspect le plus problématique de la politique religieuse russe, c’est l’apparition progressive d’un appareil d’État antireligieux et répressif ayant pour objectif de contrôler et de limiter les activités religieuses. Je ne parle pas seulement des nouvelles lois contre l’extrémisme ou le prosélytisme, mais aussi des abus de pouvoir commis par les autorités nationales et locales. Cet appareil est souvent utilisé contre des groupes pacifiques et respectueux des lois » (Dr Dmitry Uzlaner, chercheur, Moscow School of Social and Economic Sciences ; rédacteur en chef de State, Religion and Church, Russie).
« Pour la simple raison que les Témoins de Jéhovah reconnaissent Dieu comme l’autorité suprême, les autorités ne les aiment pas, et donc les interdisent. La décision concernant les Témoins de Jéhovah a déjà été prise : ils ne doivent pas exister en Russie. Les tribunaux ne servent qu’à donner une apparence légale à cette décision » (Dr Liudmyla Fylypovych, professeur, directrice du département History of Religions and Practical Studies, Philosophy Institute of the National Academy of Sciences ; vice-présidente de l’Ukrainian Association of Researchers of Religion, Ukraine).
« Adopter la même approche et les mêmes méthodes que celles utilisées contre les groupes qui encouragent la violence et la haine religieuse à des fins terroristes contre un mouvement religieux paisible, qui ne s’est jamais rendu coupable d’actes de violence et qui est attaché à des idées pacifistes n’est pas seulement extrémiste, c’est tout simplement irrationnel. Dans le monde entier, les gouvernements ont actuellement des défis bien plus graves à relever que de combattre les Témoins de Jéhovah qui sont apolitiques et attendent pacifiquement la venue du Royaume de Dieu » (Dr Ringo Ringvee, conseiller aux affaires religieuses, ministère de l’Intérieur estonien ; professeur extraordinaire en religion comparée, Theological Institute of the Estonian Evangelical Lutheran Church, Estonie).
« La Russie n’est pas le seul pays à disposer de lois contre l’extrémisme. Ce terme est en soi vague et subjectif. Je ne suis pas avocat, mais j’aimerais bien que ces lois établissent clairement le lien entre l’extrémisme et les actes que la législation britannique qualifie d’incitation à la violence. Dans les faits, les lois russes constituent presque un dispositif juridique frappant les opinions qui, quelle qu’en soit la raison, ne sont pas du goût des autorités en place, comme l’illustre clairement leur utilisation à l’encontre des Témoins de Jéhovah. À ma connaissance, les Témoins de Jéhovah ne se sont jamais rendus coupables d’incitation à la violence. C’est plutôt l’inverse » (Sir Andrew Wood, chercheur associé du programme Russie/Eurasie, Chatham House, Royal Institute of International Affairs ; ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Russie (1995-2000), Royaume-Uni).
« Rien de ce que je sais sur les Témoins, à titre collectif ou individuel, ne me permet de croire qu’il y a quoi que ce soit d’extrémiste dans cette religion » (Dr James Christie, professeur de Théologie du dialogue, directeur du Ridd Institute for Religion and Global Policy, chaire du Master of Divinity Programme, United Centre for Theological Studies, université de Winnipeg ; chaire du projet Ploughshares, Conrad Grebel University College, université de Waterloo, Canada).
« La législation qui affecte les Témoins de Jéhovah soulève plusieurs problèmes. C’est une grave entrave à la liberté de religion, en violation avec la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies, particulièrement l’article 18 qui établit la liberté de manifester sa religion par les pratiques, tant en public qu’en privé. Le mot “extrémiste” est vague. À la base, il qualifiait des organisations qui commettaient des actes terroristes et violents. Ce type d’organisation ne correspond en rien aux Témoins de Jéhovah, qui s’opposent fermement à la guerre et à la violence sous toutes ses formes. Je reconnais que dans la loi russe ce mot désigne également une “incitation aux conflits racial, ethnique ou religieux”, ce qui, une fois de plus, ne saurait s’appliquer en aucune manière aux Témoins de Jéhovah. Ils forment une organisation internationale, multiraciale, qui s’efforce de rassembler des gens de toutes races et de toutes langues » (Dr George Chryssides, ancien directeur des études religieuses, université de Wolverhampton ; chercheur honoraire en religion contemporaine à l’université Saint John de York et à l’université de Birmingham, Royaume-Uni).
« D’après moi, les dispositions juridiques russes relatives à l’extrémisme religieux et leur application aux Témoins de Jéhovah et à d’autres groupes religieux sont les pires exemples du processus de sécurisation de la religion et de la liberté de religion, qui s’observe également, de façon plus modérée, dans d’autres pays européens. Ces lois sont inquiétantes pour deux raisons majeures. D’abord, elles accordent à l’État un niveau d’ingérence élevé dans la doctrine et l’organisation des communautés religieuses, et, par ailleurs, elles génèrent une inégalité de traitement entre elles » (Dr Silvio Ferrari, président honoraire à vie de l’International Consortium for Law and Religious Studies ; corédacteur en chef du Oxford Journal of Law and Religion ; cofondateur de l’European Consortium for Church and State Research ; professeur de droit, de religion et de droit canonique, université de Milan, Italie).
« Le recours à une législation anti-extrémiste pour interdire des groupes non-violents comme les Témoins de Jéhovah constitue un détournement flagrant d’une loi imprécise. À cause de ce trop vaste champ d’application, les procureurs et les tribunaux ont pris l’habitude de juger “extrémiste” toutes les religions faisant l’objet de poursuite. En l’absence totale de risque de préjudice imminent, ce dont jamais personne n’a accusé les Témoins de Jéhovah, les interdire constitue une violation de la constitution russe et des lois internationales » (Professeur Elizabeth Clark, directrice adjointe, conseillère régionale pour l’Europe centrale et l’Europe de l’Est, International Center for Law and Religious Studies, université Brigham Young, États-Unis).
« Si l’“extrémisme” est librement défini comme tout ce qui n’est ni traditionnel ni orthodoxe, la malléabilité du terme permet au pouvoir en place d’atteindre ses objectifs. Le fait que cette définition ait été élargie au point d’inclure les Témoins de Jéhovah indique que l’on vise davantage ce qui n’est pas traditionnel que ce qui constitue une véritable menace. La situation offre des similitudes notables avec les traitement infligés aux Témoins de Jéhovah durant l’ère soviétique et post-soviétique, notamment du point de vue du discours médiatique et du climat politique » (Dr Zoe Knox, maître de conférences en histoire moderne de la Russie, université de Leicester, Royaume-Uni).
« Le problème de cette prétendue loi sur l’extrémisme, c’est qu’elle a été de toute évidence conçue pour viser les minorités religieuses, pas les terroristes » (Dr Eric Patterson, professeur et doyen, Robertson School of Government, université Regent, États-Unis).
« À moins de définir le mot “extrémiste” comme désignant tout ce qui est en dehors de la norme, il est absurde de qualifier les Témoins de Jéhovah d’extrémistes. C’est aux antipodes de tout ce que je sais de leur théologie et de leur idéologie » (Professeur Frank Ravitch, professeur de droit, chaire de droit et de religion Walter H. Stowers, université du Michigan, États-Unis).
« Les crises et les conflits politiques tendent à envahir la sphère religieuse. Les raisons d’un renforcement de la lutte contre l’extrémisme en Russie sont de nature politique, pas religieuse. Désormais, les Témoins de Jéhovah de Russie en sont victimes sans être coupables » (Dr Alar Kilp, maître de conférences en politique comparée, Institute of Government and Politics, université de Tartu ; co-organisateur de « La religion et la politique en Russie et en Europe de l’Est », Centre for EU-Russia Studies, Estonie).
« L’opposition de l’État russe aux Témoins de Jéhovah date de nombreuses années, depuis la période soviétique. Les Témoins de Jéhovah de l’époque soviétique refusaient de voter, de servir dans l’armée, d’acheter des obligations d’État, de s’affilier au parti communiste ou d’adhérer à son idéologie officielle. En dépit de pressions extrêmes pour leur faire abandonner leur foi, ils continuaient à se réunir dans des domiciles privés et à évangéliser. Leur refus d’apporter leur soutien au pouvoir soviétique leur a valu des dizaines d’années d’intenses persécutions, dont des déportations massives aux confins de la Sibérie. L’État soviétique a arrêté et emprisonné des Témoins pendant des dizaines d’années, allant jusqu’à retirer des enfants à leur famille. De plus, ils ont fait l’objet de propagandes mensongères où les Témoins étaient présentés comme des criminels, des traitres et des asociaux. Même si l’Union soviétique s’est effondrée il y a plus de 20 ans, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un héritage d’hostilité et de persécution incessantes survive encore » (Dr Emily Baran, professeur adjoint du département d’histoire de la Russie et de l’Europe de l’Est, université d’État du Tennessee, États-Unis).
« Les mesures adoptées par la Russie me paraissent tout à fait extrêmes, surtout à une époque aussi tragique que la nôtre où l’identité et la nature des véritables “extrémiste” ne devraient faire aucun doute. Les Témoins de Jéhovah forment un mouvement pacifiste ; leur enseignement et leur comportement sont dénués de toute forme de violence » (Dr Giampiero Leo, vice-président du Comité des droits de l’homme, Piedmont, Italie).
« Dans le fond, la loi est trop générale. Telle qu’elle est formulée, elle peut être utilisée pour arrêter ou menacer quiconque ayant des conceptions religieuses impopulaires ou qui déplaisent tout simplement au gouvernement, comme l’illustre l’arrestation de Témoins de Jéhovah, d’autres mouvements minoritaires et même d’athées. La loi sert essentiellement à protéger les positions des Orthodoxes qui ont la faveur du gouvernement, et à sanctionner toute opinion jugée comme pouvant se substituer à cette orthodoxie ou la mettre à mal » (Mme Melissa Hooper, avocate, directrice du International Law Scholarship Project/Pillar Project, Human Rights First ; ex-directrice régionale de l’American Bar Association Rule of Law Initiative à Moscou, États-Unis).
« Bien que les Témoins de Jéhovah soient une confession chrétienne dont les enseignements se fondent sur la Bible, de nombreux Russes les considèrent comme étant “non-chrétiens”, “antipatriotes” (parce que les Témoins refusent le service militaire), une “menace”, etc. Pour autant, je considère qu’il est faux de les taxer d’“extrémistes” » (Dr Basilius Groen, UNESCO [Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture], chaire de dialogue interculturel et interreligieux pour l’Europe du Sud-Est ; professeur de liturgie et de théologie des sacrements, directeur de l’Institut de liturgie, de l’art chrétien et des hymnes religieux, université de Graz, Autriche).
« Les Témoins de Jéhovah devraient pouvoir pratiquer leur foi en Russie comme ils le font dans d’autres pays. Le droit fondamental de chacun d’avoir une religion et de la manifester en public est protégé par de nombreux traités et lois nationales en matière de défense des droits de l’homme, dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention européenne des droits de l’homme et la constitution russe. Les Témoins de Jéhovah devraient jouir pleinement de ces droits » (M. Eric Rassbach, adjoint au conseil général, The Becket Fund for Religious Liberty, États-Unis).
« Je suis sidéré et consterné de constater que les Témoins de Jéhovah se voient taxer d’“extrémiste” d’une manière qui semble orchestrée pour dénaturer les objectifs religieux sincères des membres de cette communauté. La profonde détermination des Témoins à pratiquer et à propager leur religion peut difficilement représenter une menace pour l’État russe. Aussi, les interdire non seulement ne favoriserait en rien la sécurité et l’ordre public en Russie, mais porterait gravement atteinte à la liberté religieuse et aux droits de l’homme » (Dr Shawn Peters, maître de conférences en religion et droit, université du Wisconsin, États-Unis).
« La réponse directe est non. Tout d’abord, cette qualification se fonde sur une définition trop large de l’extrémisme, qui ne fait aucune mention spécifique de violences ou de formes aggravées de haine comme éléments requis pour caractériser l’infraction, mais qui englobe potentiellement toutes les formes d’expression.. Par ailleurs, l’interdiction pure et simple d’organisations indiquerait que le gouvernement a été incapable de trouver d’autres mesures susceptibles de réduire efficacement les actes véritablement extrémistes. La réaction du gouvernement, qui recourt à la mesure répressive la plus forte de tout l’arsenal juridique, réclame une analyse judiciaire indépendante visant à déterminer si elle est bien proportionnelle aux faits et si elle est nécessaire face à cette prétendue menace. Même si des groupes religieux tels que les Témoins de Jéhovah ne méritent pas d’être taxés d’extrémistes ni d’être interdits, le cadre juridique défaillant décrit précédemment pourrait permettre pareille chose » (Professeur Robert Blitt, professeur de droit, université du Tennessee ; ancien spécialiste en droit international, Commission américaine sur la liberté religieuse internationale [USCIRF], États-Unis).
« Pas du tout ! Je pense que c’est une erreur et que c’est contraire à une politique favorable à la liberté religieuse » (Professeur Pasquale Ferrara, Attachée temporaire d’enseignement et de recherche, Chaire de diplomatie, Département des sciences politiques, Libera Università internazionale degli Studi Sociali Guido Carli [LUISS] ; Relations internationales et processus d’intégration à l’Institut Universitaire Sophia, Figline e Incisa Valdarno, Italie).
« Je ne partage pas un certain nombre de leurs croyances, mais je trouve qu’il est inexact et disproportionné de qualifier les Témoins de Jéhovah d’“extrémiste” au sens où l’entendent les autorités russes » (Dr Javier Martínez-Torrón, professeur de droit, directeur du département droit et religion, faculté de droit de l’université Complutense, Espagne).
« Des membres de l’Église Orthodoxe russe sont de connivence avec les forces de l’ordre pour protéger leurs intérêts et éliminer toute concurrence supposée » (Dr Jim Beckford, membre de l’Académie britannique ; professeur émérite de sociologie, université de Warwick ; ancien président de la Society for the Scientific Study of Religion [États-Unis], Royaume-Uni).
« Un vrai Russe, s’il est chrétien, est membre de l’Église Orthodoxe russe. Les Russes qui appartiennent aux “mauvaises” organisations religieuses sont marginalisés et mis au ban de la société. Dans ces conditions, les droits civils des Témoins de Jéhovah sont outrageusement bafoués » (Dr Gerhard Besier, professeur émérite en études européennes, Technische Universität Dresden ; maître de conférences, université Stanford ; directeur du Sigmund Neumann Institute for the Research on Freedom and Democracy, Allemagne).
« À mon avis, l’hostilité à l’égard des Témoins de Jéhovah ne vient pas tant de leurs enseignements et de leurs écrits que du succès de leur prosélytisme. Paradoxalement, leur nombre croissant s’explique notamment par leur capacité à “prospérer sous la persécution”. Qui plus est, durant l’ère soviétique, les déportations ont produit l’effet inverse que celui escompté. En 1951-1952, quelque 7 000 Témoins ont été déportés en Asie Centrale et en Sibérie, ce qui n’a eu pour effet qu’une diffusion plus étendue de leur message. Par conséquent, leur présence à travers tout le pays est due tout autant au Kremlin, qui y a contribué malgré lui, qu’au prosélytisme des Témoins. Puisqu’ils ont survécu à la répression soviétique, il faut s’attendre à ce que les Témoins de Jéhovah survivent à l’interdiction qui les frappe aujourd’hui » (Dr Mark Elliott, fondateur du East-West Church and Ministry Report, université Asbury, Kentucky, États-Unis).
« À ma connaissance, il n’existe pas de définition sociologique de la notion d’extrémisme. L’extrémisme est un concept politique qui trouve sa place dans les démocraties où il y a un centre, une droite et une gauche. Mais il est difficile d’y avoir recours pour qualifier une religion. Il y a des mouvements religieux qui ont des pratiques plus ferventes que d’autres (par exemple, les pratiques qui appellent davantage que d’autres les fidèles à prier ou qui les soumettent à certains régimes alimentaires rituels, voire au jeûne), ou qui exigent de leurs membres d’adopter des critères moraux plus stricts que pour d’autres. Les Témoins de Jéhovah ont des pratiques plutôt ferventes : ils se réunissent plus fréquemment que les fidèles de confessions plus importantes, mais cette habitude existe aussi chez les Juifs pieux. Les convictions des Témoins les poussent à propager leurs croyances par leur prosélytisme dans les rues ou de porte en porte. Ils adhèrent à des normes morales plus exigeantes que celles qu’imposent généralement les grandes églises à leurs fidèles. Ils se font un devoir d’être honnêtes au travail, ainsi qu’avec leur entourage, de rester fidèles à leur conjoint, de se montrer polis envers autrui et ne pas offenser leur prochain. Ils refusent d’accomplir leur service militaire pour ne pas avoir à tuer en cas de conflit. Ces pratiques traduisent un niveau de ferveur supérieur aux églises traditionnelles, mais cela ne présente aucun danger pour la société. Les Témoins de Jéhovah ne sont pas fondamentalistes, car ils ne cherchent pas à s’accaparer du pouvoir pour instituer une théocratie (pour eux, la théocratie ne s’établira que par la volonté de Dieu). Ils ne veulent pas fonder une société qui serait régie par leurs principes, à l’instar des Islamistes radicaux. Les Témoins sont tout simplement biblicistes, dans le sens où ils fondent leur vie sur leur interprétation de la Bible. C’est leur choix. La seule question qui se pose est de savoir s’ils sont dangereux ou pas. Je réponds “Non !” Les Témoins sont neutres et ne s’impliquent pas en politique. Plus important encore, ils ne commettent pas d’attentats » (Dr Régis Dericquebourg, sociologue, maître de conférences sur les nouveaux mouvements religieux à la FVG d’Anvers, Belgique).
« Non, je ne le pense pas. Je ne suis pas membre des Témoins de Jéhovah ni un de leurs sympathisants, et j’ai même des divergences avec eux sur certains points de leur doctrine, mais je ne pense pas pour autant que ce soient des extrémistes (bien entendu, tout dépend ce qu’on entend par “extrémisme”), et à ce titre, je pense qu’ils devraient, comme tout un chacun, avoir le droit d’exprimer leurs convictions » (Dr Thomas Bremer, ancien chercheur associé, Jordan Center for the Advanced Study of Russia, université de New York ; professeur de théologie œcuménique, études des églises d’orient et études de la paix, université de Münster, Allemagne).
« L’application de la loi russe aux Témoins de Jéhovah conduit à une restriction injustifiée des libertés fondamentales, et s’oppose à la législation internationale sur les droits de l’homme visant à protéger la liberté individuelle et collective de religion et de conviction et à interdire toute discrimination fondée sur les croyances religieuses. Ma position s’appuie sur la méthodologie fournie par la législation internationale sur les droits de l’homme qui retient deux critères de recevabilité concernant les plaintes pour violation de la liberté de religion et de conviction : 1) qu’il y ait eu restriction de la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, et 2) que la restriction en question soit proportionnée et soutenue par des faits probants » (Dr Marco Ventura, professeur de droit et de religion, université de Sienne ; directeur du centre pour les études religieuses de la fondation Bruno Kessler ; chercheur associé à l’unité de recherche Droit, religion, entreprise et société [DRES], université de Strasbourg [France], Italie).
« Réduire la liberté religieuse au nom du combat contre l’extrémisme est un stratagème regrettable. Il est inquiétant de constater qu’au 21e siècle la société subisse de telles tentatives visant à contrôler la pensée. Tous, nous méritons mieux » (Dr Mark Juergensmeyer, directeur du Centre Orfalea pour les études mondiales et internationales à l’université de Californie à Santa Barbara, États-Unis).
Comment définiriez-vous la position adoptée par la Russie dans son combat légitime contre l’« extrémisme » ?
« Dans son combat contre l’extrémisme, la Russie recourt elle-même à des méthodes extrémistes. Imposer des interdictions, c’est agir de façon rigide, autoritaire et radicale. On ne peut pas expliquer, justifier ou comprendre les actes discriminatoires des autorités. On ne peut que s’effrayer de ces décisions et de ces mesures » (Dr Fylypovych, Ukraine).
« Plus que quiconque, je condamne toute forme de terrorisme et plaide en faveur d’un renforcement de la sécurité. Toutefois, recourir aux dispositions juridiques de lutte contre l’extrémisme pour s’en prendre aux Témoins de Jéhovah, alors qu’il s’agit d’une communauté religieuse qui s’est toujours abstenue de faire appel à la violence, montre combien il est dangereux d’élever la sécurité au rang de droit suprême, qui prévaudrait sur tout autre, la liberté de religion incluse. J’estime donc qu’il en va de la responsabilité de tous, y compris des universitaires, de condamner sans détour ces dispositions juridiques et leur mise en œuvre qui menacent ouvertement la liberté religieuse et l’égalité » (Dr Ferrari, Italie).
« Les extrémismes qui devraient être combattus sont ceux qui mettent en danger la vie d’autrui. Combattre quoi que ce soit d’autre est en soi une forme d’extrémisme. Par conséquent, la persécution acharnée engagée par la Russie contre un groupe aussi paisible que les Témoins de Jéhovah est manifestement “extrême” » (Dr Derek Davis, avocat, ancien directeur du J.M. Dawson Institute of Church-State Studies, université Baylor, États-Unis).
« Comme je l’ai déjà dit, le mot “extrémiste” est vague et son application peut être subjective. Je dirais donc des mesures adoptées en Russie qu’elles sont excessives et inappropriées. Les autorités russes ont été jugées par la CEDH (la Cour européenne des droits de l’homme) pour violation de la liberté de religion. Les groupes dits extrémistes comme l’EI (l’État islamique) constituent une menace grave, et des mesures doivent être prises pour restreindre leurs activités. Mais en aucun cas les Témoins de Jéhovah ne représentent un danger similaire. Par conséquent, les restrictions imposées à leur œuvre ne sauraient être justifiées en brandissant la menace du terrorisme organisé » (Dr Chryssides, Royaume-Uni).
« Les amendements apportés dernièrement par la Russie à sa législation anti-extrémiste signalent la fermeture du marché aux religions et sont utilisés, comme l’indique le cas récent des Témoins de Jéhovah, pour mettre un terme aux activités des minorités religieuses. D’un point de vue historique, les restrictions actuellement imposées aux activités missionnaires rappellent celles de l’ère soviétique » (Dr Ringvee, Estonie).
« Comme chacun le sait, les tendances extrémistes peuvent se manifester non seulement sur le plan collectif, mais aussi sur le plan individuel. L’extrémisme est une forme d’activité politique, et non pas religieuse à proprement parler. Dans la Fédération de Russie, des restrictions légales s’appliquent à ce type d’activités menées par les organisations religieuses. Si des incidents (relatifs à une activité extrémiste) sont avérés, le contrevenant devrait naturellement recevoir une sanction : c’est un principe conforme à l’État de droit. Y a-t-il un risque d’incriminer le domaine religieux aux motifs d’activités extrémistes ? Oui, tout particulièrement en raison d’une application sélective et d’une interprétation arbitraire des normes juridiques, ainsi que du recours à des rapports d’expertise faussement professionnels (fallacieux) dans le cadre d’une procédure judiciaire » (Dr William Schmidt, rédacteur en chef, Eurasia : the spiritual traditions of the peoples ; professeur, National and Federative Relations, The Russian Presidential Academy of National Economy and Public Administration [RANEPA], Russie).
« Le recours à la loi contre l’extrémisme dans le but de protéger les citoyens sans défense est acceptable lorsque c’est fait avec pondération. En revanche, y avoir recours pour restreindre la liberté de minorités religieuses non-violentes, telles que les Témoins de Jéhovah, est absolument inacceptable » (Dr Leo, Italie).
« Depuis 2012 au moins, la politique d’État russe a pris dans son ensemble un virage conservateur, presque réactionnaire. Les lois deviennent de plus en plus strictes, limitant différents droits politiques et même civils. La législation actuelle de lutte contre l’extrémisme est tellement vague que n’importe qui peut être accusé. Inutile de planifier une attaque terroriste pour se rendre coupable d’extrémisme, il suffit juste de critiquer sur les réseaux sociaux un représentant local du pouvoir ou de prendre part à une réunion politique. L’intrusion dans le domaine religieux n’est qu’un exemple de cette tendance générale » (Dr Uzlaner, Russie).
« La manière dont la Russie règlemente les religions semble résolument extrême (comme en Azerbaïdjan). En effet, peu de pays européens publient des listes de livres religieux interdits ou prennent des mesures politiques et juridiques concernant la nature extrémiste des textes religieux » (Dr Kilp, Estonie).
« Un combat illégal contre l’extrémisme dans le domaine religieux s’est progressivement développé après l’adoption en 2002 de la loi contre les activités extrémistes. Depuis, la politique anti-extrémisme est devenue une arme pour lutter contre les croyances “non-traditionnelles”. L’étendue sémantique du terme “extrémisme” donne aux juges les coudées franches pour déclarer extrémiste n’importe quelle publication religieuse, en invoquant souvent des raisons en contradiction avec le bon sens. L’application, depuis le milieu des années 2000, de la loi de lutte contre les activités extrémistes à tout ce qui n’appartient pas à l’Église orthodoxe ou à l’Islam relève quelque peu du tragi-comique » (Dr Lunkin, Russie).
« La Russie voudrait bien empêcher le développement de tout groupe religieux ou de toute idée étrangère au discours officiel des quatre religions traditionnelles. Voilà pourquoi les Témoins de Jéhovah et tous les évangélistes ou prédicateurs protestants en viennent à être persécutés » (Professeur Bowring, Royaume-Uni).
« Le combat de la Russie contre des minorités comme les Témoins de Jéhovah est avant tout discriminatoire. Il s’inscrit dans une longue tradition d’hostilité sociale, politique et religieuse à l’encontre de toutes les minorités non-Orthodoxes, qui servent de boucs émissaires. La France apparait également aux premiers rangs du classement des “chasseurs de sectes”. Elle a cherché à ruiner les Témoins de Jéhovah en les soumettant à une taxe, mais ils ont saisi la CEDH [Cour européenne des droits de l’homme] de Strasbourg et ont fini par gagner. La CEDH a condamné la France à verser un montant considérable de dommages et intérêts au siège national des Témoins de France parce que l’État avait fait preuve de discrimination en leur refusant une reconnaissance légale en tant que religion, et, par extension, l’exonération des offrandes faites par ses fidèles » (Dr Dericquebourg, Belgique).
« La Russie devrait s’attaquer au véritable extrémisme, celui qui incite ou recourt à la violence, mais les règles invoquées sont draconiennes quand elles s’appliquent à la plupart des mouvements religieux. Pourquoi ? Tout d’abord, en raison de la disproportion des sanctions par rapport au délit, mais aussi en raison de la nature ou de l’identité de la cible visée. Par exemple, une amende de 15 000 euros frappant une petite Église ou une petite association à but non lucratif aurait des conséquences désastreuses. Une des règles impose d’être enregistré dans le pays depuis 15 ans avant de pouvoir faire venir un étranger en Russie en tant que pasteur ou missionnaire » (Dr Patterson, United States).
« Les difficultés soulevées par la lutte contre le crime (notamment le terrorisme et l’extrémisme quand ils qualifient des actes antisociaux et inhumains) deviennent chaque jour plus complexes. Cela dit, lutter contre la criminalité est une chose, mais recourir aux principes du Code pénal pour priver ouvertement certains citoyens de leur liberté de conscience, y compris leur liberté de culte, est tout autre chose. Bien des experts en Russie, universitaires et juristes, estiment que l’application du terme “extrémisme” à des minorités religieuses est anticonstitutionnelle et illégale. Toutefois, lorsque, pour diverses raisons, la corruption supplante la loi, alors, comme nous le savons, les droits, dont les droits de l’homme et les libertés, sont bafoués » (Dr Elbakyan, Russie).
« L’aspect le plus contestable de la loi russe sur la lutte contre l’extrémisme est le concept même d’extrémisme. Ce n’est pas un concept juridique mais un concept politique. Par exemple, selon la CEDH [Cours européenne des droits de l’homme], les États sont en droit d’imposer des restrictions aux libertés garanties par la Convention, telles que la liberté de religion ou la liberté d’expression, quand cette mesure est nécessaire à “la sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être du pays, à la défense de l’ordre et à la prévention des infractions pénales, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection des droits et libertés d’autrui, au maintien de l’ordre public”, etc. La loi internationale autorise donc déjà les États à restreindre les libertés s’ils identifient une menace légitime. Il est par conséquent inutile de mettre en œuvre une législation spécifique contre l’extrémisme pour atteindre des objectifs légitimés par la CEDH. Ce qui pose véritablement problème avec la législation russe, c’est l’absence d’une définition précise. Qu’est-ce qu’un “extrémiste” au regard de la loi russe ? Une fois de plus, c’est un concept politique qui donne le droit aux autorités de restreindre les libertés de tous ceux qu’elles jugent indésirables. Vu sous cet angle, il est évident que la législation russe est contraire tant à l’esprit qu’au texte de la CEDH » (Dr Hocine Sadok, maître de conférences en droit public, directeur de la faculté des sciences économiques, sociales et juridiques, université de Haute-Alsace, France).
« La tâche consistant à combattre l’extrémisme requiert un délicat équilibre entre les intérêts du gouvernement et les libertés individuelles plutôt que de rejeter celles-ci en bloc. Et c’est là, dans cet équilibre indispensable, que pèchent les efforts anti-extrémistes de la Russie. D’abord, la position adoptée par le gouvernement pour définir l’extrémisme et s’y attaquer vise la défense de ses propres intérêts. Si la législation protège les citoyens russes de menaces tout à fait réelles, elle offre aussi au gouvernement un moyen très commode pour réprimer, voire réduire au silence, les individus ou les groupes qui, pour une raison ou pour une autre, sont jugés indésirables ou perçus comme un danger menaçant les valeurs spirituelles traditionnelles russes. La Russie est parvenue à maintenir et à étendre cette législation notamment en raison de l’effondrement de processus démocratiques essentiels au sein de la nation, mais aussi parce que divers acteurs externes, y compris des États et des institutions internationales, n’ont pas réussi à discerner cette réalité troublante et à y réagir efficacement » (Professeur Blitt, États-Unis).
« Malheureusement, la Russie semble être sur le point de reproduire les mêmes erreurs que celles commises par les États-Unis dans les années 1940 au sujet des Témoins de Jéhovah. À l’époque, beaucoup d’Américains jugeaient à tort les Témoins de Jéhovah comme étant “extrêmes” parce que leur conscience religieuse ne les autorisait pas à prêter le serment d’allégeance au drapeau. Au départ, les autorités, y compris la Cour suprême des États-Unis, ont incriminé les Témoins de Jéhovah pour leur refus d’obtempérer. Cela a même conduit à d’effrayantes scènes de violence physique contre les Témoins de Jéhovah, jusqu’à ce que l’objection de conscience soit reconsidérée. Finalement, la plupart des Américains et des tribunaux du pays, en sont venus à considérer la diversité religieuse, y compris les Témoins de Jéhovah, comme un apport positif pour la société » (M. Rassbach, États-Unis).
« La plus grande réserve s’impose quant à la fiabilité des sources juridiques russes sur les grands thèmes que sont “l’extrémisme/les extrémistes”, “les activités extrémistes”, “la diffusion des croyances”, “l’activité missionnaire”, et la conviction de détenir la “vérité” ou l’affirmation de la “supériorité” de sa religion ou de ses convictions. Puisque les textes officiels ne fournissent pas de définitions claires et précises, et que les règles relatives à la présentation et l’évaluation des éléments de preuves sont très souples (à tel point que, dans la sphère religieuse, l’extrémisme peut être établi en l’absence de menace ou d’usage de la violence), les forces de l’ordre, l’administration, les juges et les experts disposent d’une énorme liberté d’interprétation. Fait révélateur, les autorités russes ont fait fi de la demande du Comité des droits de l’homme des Nations unies qui, dans ses observations finales du 28 avril 2015, demandait de “clarifier la définition vague et non limitative des ‘activités extrémistes’ de sorte que celle-ci comporte un élément de violence ou de haine” et “d’établir des critères clairs et précis en vertu desquels des documents peuvent être qualifiés d’extrémistes”, ainsi que de “prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher tout usage arbitraire de cette loi et réviser la liste fédérale des ouvrages extrémistes” » (Dr Ventura, Italie).
« La loi russe contre l’extrémisme a tout d’abord été adoptée en 2002 ; en 2007, son champ d’application a été étendu aux activités non-violentes et à l’expression de convictions, y compris dans la sphère religieuse. En déployant aussi largement leur filet répressif, les autorités russes risquent de prendre dans leurs mailles des citoyens paisibles qui s’intéressent tout simplement à des croyances ou à des idées qui n’ont pas la préférence de l’État. Par exemple, les Musulmans qui choisissent de pratiquer leur foi en dehors des structures autorisées sont souvent condamnés par des juridictions russes pour avoir prétendument enfreint cette loi anti-extrémiste excessivement générale. Une authentique volonté de tolérance officielle, associée à une nouvelle approche juridique et portée par une réforme des lois sur la religion et sur l’extrémisme, permettrait de favoriser l’éblouissante diversité religieuse et ethnique. La Russie devrait abandonner ses méthodes musclée visant à éteindre la diversité sous le manteau gris d’un conformisme d’État imposé » (Mme Catherine Cosman, analyste principale en politique [Europe et pays de l’ex-Union soviétique], Commission américaine sur la liberté religieuse internationale [USCIRF], États-Unis).
« La plupart des politiques religieuses en lien avec l’anti-extrémisme proviennent d’une longue habitude de centralisation culturelle vigoureusement défendue par l’Église d’État Orthodoxe russe » (Dr Besier, Allemagne).
« S’il est indéniable que la Russie fait face à une violence alimentée par l’extrémisme religieux, elle recourt de plus en plus à des mesures juridiques anti-extrémisme pour endiguer les mouvements religieux impopulaires plutôt que pour lutter contre les groupes coupables d’actes violents » (Professeur Clark, États-Unis).
« En Russie, le système légal est déficient sous deux aspects fondamentaux. La volumineuse constitution russe qui garantit, entre autres choses, la liberté de culte, est considérée comme étant suprême, et la Cour constitutionnelle est chargée de statuer si telle action ou disposition juridique est conformé à ce texte. Mais, dans la pratique, ce mode de fonctionnement n’est pas respecté. Les juridictions russes sont soumises au pouvoir exécutif, qu’il s’agisse d’autorités fédérales ou régionales, lesquelles, en dernier ressort, ne sont tenus de répondre de leurs décisions devant la justice. Par ailleurs, les lois russes prêtent à des interprétations multiples et changeantes. Celles relatives à l’extrémisme n’en donnent pas une définition claire. Le pouvoir exécutif à tous ses niveaux peut donc interpréter les lois plus ou moins à sa guise » (Sir Andrew Wood, Royaume Uni).
« La Russie a tous les droits et même le devoir envers son peuple de combattre l’extrémisme véritable, mais taxer les mouvements religieux impopulaires d’extrémistes lorsqu’ils ne représentent aucun danger pour la sécurité d’autrui est en soit extrémiste. J’ai l’impression que le gouvernement actuel ne s’inquiète pas autant des véritables extrémistes, du moment qu’il maîtrise la situation. Je pense qu’il redoute bien plus les groupes qui semblent échapper à son pouvoir. Comme les Témoins de Jéhovah vouent d’abord et avant tout allégeance à Dieu, je pense que le gouvernement actuel les classe parmi les extrémistes pour s’en débarrasser. Je pense aussi que l’Église orthodoxe russe exerce une certaine influence pour faire taire ces minorités qui évangélisent » (Professeur Ravitch, États-Unis).
« La loi russe et l’application qui en est faite par les autorités privent un grand nombre de nombreuses personnes et d’organisations de leurs droits fondamentaux, dont celui d’exprimer leur opinion. Même si une opinion est fausse d’un point de vue objectif, on doit avoir le droit de l’énoncer. L’interdiction n’est justifiée que dans les rares cas où la vie d’autrui est en danger ou si l’ordre social est perturbé. Ces situations ne concernent pas les Témoins de Jéhovah » (Dr Bremer, Allemagne).
La loi russe dispose que les croyants qui proclament la véracité et la supériorité de leur religion peuvent être considérés comme « extrémiste ». Ce fondement juridique peut-il servir à caractériser l’extrémisme ?
« Non. Ce n’est ni logique, ni raisonnable, et c’est une violation des normes relatives aux droits de l’homme que la Russie s’est engagée par des traités à respecter, notamment l’article 9 de la CEDH [Convention européenne des droits de l’homme] et l’article 18 du PIDCP (Pacte international relatifs aux droits civils et politiques] » (Professeur Bowring, Royaume Uni).
« Non, je ne connais aucun principe émanant de la législation internationale qui autorise à qualifier d’extrémiste quiconque croit que sa religion est la vraie » (Professeur Garrett, professeur de droit, Faculté de droit, université de Baltimore, correspondant auprès de la Cour suprême pour le journal The Atlantic, États-Unis).
« Tout d’abord, cette idée est totalement absurde. Si elle devait être appliquée équitablement, alors l’ensemble des religions seraient interdites selon la loi russe. Toutes les religions prétendent détenir la vérité et tous les croyants estiment que leur foi est la vraie. Sinon, à quoi servirait la religion ? Cette loi est un prétexte juridique pour permettre à l’État russe de faire preuve de discrimination envers des minorités religieuses, les Témoins de Jéhovah en particulier » (Dr Baran, États-Unis).
« Il me semble que tout le monde croit à la supériorité de sa propre religion. Si tel n’était pas le cas, ils en changeraient. Les Témoins de Jéhovah croient sans doute être les seuls à affirmer qu’ils détiennent “la vérité”, mais bien d’autres mouvements chrétiens et d’autres religions revendiquent cette même singularité. Croire à la supériorité et à la singularité de sa religion n’est possible qu’en vertu de la liberté de religion, telle que la définit la Déclaration universelle des droits de l’homme » (Dr Chryssides, Royaume Uni).
« Il est choquant que des experts puissent qualifier d’“extrémisme” ce qui est l’essence même des activités religieuses, le fondement de l’existence de n’importe quelle communauté de croyants qui vivent dans la conviction de leur vérité, dont ils sont les seuls détenteurs. Tous les fidèles d’une confession religieuse ont leur propre interprétation de la vérité et, sur cette base, des textes sacrés. Leurs croyances sont donc naturellement inconciliables avec celles d’autres communautés religieuses » (Dr Lunkin, Russie).
« Cette approche est scandaleuse, bien évidemment. Les croyants décident de vivre selon les préceptes de la religion qu’ils ont choisie, car ils estiment que ces préceptes sont vrais et supérieurs à ceux des autres religions. La position russe est une insulte à l’ensemble des religions » (Dr Davis, États-Unis).
« À de très rares exceptions près, toutes les religions sont convaincues de la véracité de leurs croyances au sujet de Dieu. Personne ne dit : “Une autre religion est meilleure et plus véridique que la nôtre” » (Dr Bremer, Allemagne).
« J’estime que c’est une question rhétorique qui n’appelle pas de réponse. Bien sûr, tous les croyants souhaitent que les autres soient sauvés au lieu d’errer dans les ténèbres de l’erreur. C’est précisément pour cela que les croyants ont tendance à insister sur la véracité de leur religion » (Dr Aidar Sultanov, spécialiste en droit et défenseur des droits de l’homme, Russie).
« Comme je le disais, l’extrémisme n’est pas un concept relevant de la sociologie des religions. Pour évaluer les risques potentiels qu’un groupe religieux présente pour l’ordre public ou la sécurité nationale, il faut se pencher sur ce qu’il fait, pas sur ce qu’il croit. S’il ne commet rien d’illégal, il ne peut être condamné. Un groupe religieux est en droit de dire ce qu’il estime être la vérité absolue. D’ailleurs, tous les politiciens affirment aussi être le meilleur candidat sans qu’on les taxe d’extrémistes pour autant. Je n’ai jamais entendu un politicien dire qu’il ment et que son parti est bien moins efficace que celui de ses adversaires. Chaque groupe religieux pense qu’il détient la meilleure interprétation des Écrits sacrés. Les gouvernements devraient plutôt s’inquiéter des actes illégaux ou violents dont se rendent, ou pourraient se rendre, coupables ces mouvements » (Dr Dericquebourg, Belgique).
« Les récents amendements qui restreignent la diffusion des croyances sont manifestement déraisonnables. Ils limitent considérablement la liberté de religion en interdisant aux fidèles de croire et de dire, avec calme et respect, que leur religion est la vraie » (Dr Ferrari, Italie).
« Le simple fait de proclamer la véracité de ses opinions religieuses ou la supériorité de sa foi ne devrait pas suffire en soi pour se rendre coupable d’extrémisme. La plupart des religions se fondent sur un ensemble de croyances spécifiques qu’elles affirment être vraies et qui, à première vue, s’opposent directement aux fondements doctrinaux d’autres religions. Malgré ces divergences, on peut affirmer de façon paisible posséder la vérité sans porter atteinte aux droits et à la liberté d’autrui, ni présenter de menace à l’ordre public. D’ailleurs, lorsqu’elles sont exprimées sans faire appel à la menace ou à la violence et sans répandre activement la haine sous des formes extrêmes, ces opinions contraires constituent un élément essentiel d’une démocratie épanouie. S’il est vrai que le PIDCP [Pacte international relatifs aux droits civils et politiques] oblige les gouvernements à interdire “tout appel à la haine [...] religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence”, ces appels doivent être extrêmes pour être frappés d’interdiction. En outre, avant de prendre pareille décision, chaque gouvernement doit s’assurer que les mesures envisagées respectent les critères de proportionnalité et de nécessité. Quand on songe à la manière dont le gouvernement russe recourt aux lois anti-extrémisme, de nombreux faits probants attestent une absence cruelle de réflexion sur les critères de proportionnalité et de nécessité, sans compter un refus de chercher à comprendre les positions religieuses jugées “extrémiste” » (Professeur Blitt, États-Unis).
« Le problème ne concerne pas seulement la liberté de religion, mais aussi la liberté d’expression. Cette loi signifie que des sanctions peuvent être prises contre n’importe quel mouvement religieux qui serait jugé indésirable par l’establishment politique ou par d’autres groupes religieux qui peuvent influencer les décisions politiques afin d’éliminer toute concurrence indésirable sur le plan religieux » (Dr Ringvee, Estonie).
« L’argument selon lequel affirmer la vérité et la supériorité de sa religion est une manifestation d’extrémisme illustre bien la confusion qui règne autour de la loi russe de lutte contre l’extrémisme. Au moins une religion traditionnelle autorisée de Russie se fonde justement sur cette prétention » (Sir Andrew Wood, Royaume Uni).
« Selon la loi russe, le simple fait de soutenir une religion, de dire que c’est la vraie, constitue une forme de propos haineux ou violents. Du point de vue de la sécurité nationale, la vraie limite devrait se situer au moment où un fidèle ou un groupe religieux prône des actions nuisibles à autrui, autrement dit quand une religion pousse ses membres à tuer ceux qui ne partagent pas leur foi. Les États établissent de telles limites pour garantir leur sécurité. Incitation à la violence : c’est comme crier “Au feu !” dans une salle de cinéma ou comme si des responsables religieux appelaient au meurtre. Pourtant, ceux qui sont principalement visés par la loi russe ne semblent pas correspondre à ces critères » (Dr Patterson, United States).
« La loi russe viole un précepte international fondamental relatif à la liberté de religion et de conviction en inscrivant la défense sans recours à la violence de la supériorité de sa religion parmi les prétendues formes d’extrémisme ; c’est la raison principale pour laquelle l’USCIRF [Commission américaine sur la liberté religieuse internationale] considère cette loi comme un grave danger menaçant la liberté de religion. Une autre disposition de cette loi, qui condamne “l’incitation à la division religieuse”, est utilisée pour interdire le prosélytisme, notamment chez les groupes religieux qui n’ont pas les faveurs de l’État, comme c’est le cas des Témoins de Jéhovah » (Mme Catherine Cosman, États-Unis).
« Dans la mesure où la restriction vise la prétention de détenir sur le plan religieux la vérité et la supériorité, c’est-à-dire la sphère des convictions personnelles (forum internum) et donc le droit fondamental de posséder des convictions, absolument rien ne peut justifier cette restriction » (Dr Ventura, Italie).
« Toutes les religions prétendent d’une façon ou d’une autre détenir la vérité, ce qui en soi n’est pas dangereux. À vrai dire, cette prétention est le propre de la plupart des religions » (Dr Brian Grim, président de la Religious Freedom & Business Foundation ; professeur associé à l’université St Mary, Londres ; conseiller pour la Tony Blair Faith Foundation ; chercheur associé, Projet liberté religieuse, université de Georgetown ; chercheur associé, Institute on Culture, Religion & World Affairs, université de Boston, États-Unis).
« La liberté de religion comprend le droit des fidèles à affirmer que leur religion est vraie et qu’elle représente la meilleure ou la seule version de la vérité. Bien que cela puisse être gênant pour les autres, aussi longtemps que les croyants ne cherchent pas à imposer leurs opinions ni à forcer quiconque à les adopter, ils sont en droit d’affirmer publiquement la véracité de leurs convictions » (Dr Carolyn Evans, doyenne, chaire de droit Harrison Moore, faculté de droit de Melbourne ; corédactrice de Religion and International Law ; corédactrice de Law and Religion in Historical and Theoretical Perspectives, Australie).
« Si le fait de proclamer la véracité d’une religion est “extrémiste”, alors la plupart des croyants sont coupables » (Dr William Cavanaugh, professeur d’études catholiques, directeur du Center for World Catholicism and Intercultural Theology, université DePaul, États-Unis).
« Défendre la véracité de ses croyances n’est pas une marque d’“extrémisme religieux”, mais l’expression d’un attachement à ses convictions personnelles. À moins que ces convictions fassent preuve d’intolérance vis-à-vis d’autres croyances ou religions, elles devraient être protégées par les autorités civiles en tant que liberté fondamentale » (Dr John Bernbaum, président du Russian-American Institute [Moscou], États-Unis).
Quelle réputation en tant que citoyens les Témoins de Jéhovah ont-ils auprès des spécialistes et des universitaires ?
« Mes recherches à propos des Témoins de Jéhovah dans différents pays m’ont amené à rencontrer des citoyens paisibles, respectueux des lois et actifs, qui connaissent bien et respectent les mouvements religieux majoritaires, tout en travaillant activement à faire reconnaître leur droit de croire et de manifester librement leurs convictions. Leurs efforts, particulièrement ceux menés sur le plan juridique, ont largement favorisé la liberté de religion et de conviction des individus et des communautés minoritaires, mais également celle des grandes confessions » (Dr Effie Fokas, fondatrice et directrice [2008-2012] du Forum des religions ; chercheur associé, Observatoire hellénique, École d’économie et de sciences politiques de Londres ; ex-chargée de recherche, programme « Pluralism and Religious Freedom in Orthodox Countries in Europe » [PLUREL], Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère, Grèce).
« Je connais les Témoins de Jéhovah, non seulement en tant qu’universitaire qui étudie leur histoire, leurs enseignements et leurs pratiques, mais aussi comme tout un chacun, c’est-à-dire dans la vie de tous les jours : mes voisins, mes connaissances et mes collègues de travail. Dans mon entourage, ils ont plutôt bonne réputation. Ils sont respectueux des lois. Ils s’entendent bien avec tous, quelle que soit leur couleur politique ou leur appartenance religieuse. Ils ne pensent pas qu’aux intérêts et aux besoins de leurs coreligionnaires. Si les Témoins de Jéhovah ne s’impliquent pas dans les affaires politiques de leur pays et s’expriment peu à propos des autorités, ils ne sont pas pour autant indifférents aux évènements touchant leur pays. Je crois qu’ils contribuent sensiblement aux progrès de la société, à l’amélioration de son bien-être et à sa stabilité, parce qu’ils défendent des valeurs chrétiennes traditionnelles universelles. Ils sont fidèles à leur conjoint et forment ainsi des familles fortes ; ils aiment leurs parents et se montrent responsables dans l’éducation de leurs enfants » (Dr Fylypovych, Ukraine).
« Les Témoins de Jéhovah que je connais en Grande-Bretagne jouent un rôle positif dans la société en étant des employés honnêtes et en payant leurs impôts. Ils considèrent l’obéissance aux lois comme une obligation religieuse, à l’exception de quelques rares situations où ils estiment qu’elles entrent en conflit avec leur compréhension de la loi divine » (Dr Chryssides, Royaume-Uni).
« En tant que spécialiste des religions, j’ai étudié diverses confessions et je sais que les Témoins de Jéhovah forment une organisation, non pas agressive, mais plutôt pacifiste, dont les membres se font un devoir de ne pas parler de politique ni d’y participer et n’interférèrent jamais dans les affaires de l’État. Toutefois, ces croyants apportent une contribution utile à la société en se montrant des employés honnêtes, en soutenant le gouvernement grâce aux impôts dont ils s’acquittent, et en aidant leurs concitoyens en difficulté, par exemple à la suite d’une catastrophe naturelle ou sociale » (Dr Elbakyan, Russie).
« Au fil des ans, j’ai côtoyé de nombreux Témoins de Jéhovah, et l’une de mes meilleures élèves en Master sur les droits de l’homme est une jeune fille Témoin qui a rédigé un excellent mémoire sur la liberté religieuse en Russie. Si j’en juge par ma propre expérience, les Témoins de Jéhovah sont des modèles de prévenance et de bonne conduite, qui ne m’en ont jamais voulu de ne pas être d’accord avec leurs croyances » (Professeur Bowring, Royaume Uni).
« Personnellement, pour avoir défendu de nombreux Témoins de Jéhovah ces 60 dernières années, je peux dire que, même si je ne partage pas leurs opinions sur la Bible, je les ai toujours considérés comme des gens se distinguant par des valeurs morales extrêmement élevées, une foi rigoureuse et un activisme pacifique » (M. Bruno Segre, avocat, journaliste, rédacteur en chef de L’INCONTRO, président d’honneur du Consulta Torinese per la Laicità delle Istituzioni ; président d’honneur de l’Association nationale de la Libre Pensée « Giordano Bruno », Italie).
« J’ai passé plusieurs années à observer les Témoins de Jéhovah dans leurs congrégations afin de rédiger ma thèse de doctorat et d’écrire à leur sujet des articles dans des revues scientifiques. Je peux dire que les Témoins sont de bons et honnêtes citoyens dans les pays où ils vivent. Ils ne participent pas aux affaires politiques nationales, mais ils payent leurs impôts ; certains sont pompiers volontaires dans leur localité ; ils aident les sinistrés, comme cela s’est produit en France lors d’inondations à Orange et Bollène par exemple, sans chercher à faire des nouveaux disciples parmi les victimes qu’ils ont assistées. Ils l’ont fait uniquement pour aider. Les Témoins soutiennent la recherche sur les alternatives à la transfusion sanguine, ce qui est aussi avantageux pour les non-Témoins » (Dr Dericquebourg, Belgique).
« Les Témoins de Jéhovah ont la réputation d’être des citoyens consciencieux et respectueux des lois » (Dr Knox, Royaume Uni).
« J’ai le plus grand respect pour les Témoins de Jéhovah. Ils sont dévoués, paisibles, sérieux dans leur désir de plaire à Dieu et serviables envers autrui. Je connais des employeurs qui cherchent à embaucher des Témoins de Jéhovah parce qu’ils sont honnêtes et travailleurs » (Dr Davis, États-Unis).
« Quand je regarde la situation des Témoins de Jéhovah en Estonie, il apparaît clairement que l’opinion publique a évolué ces dernières décennies, car les préjugés ont disparu. Au sein d’une société laïque d’une grande diversité confessionnelle, les Témoins de Jéhovah sont perçus comme un mouvement religieux parmi d’autres » (Dr Ringvee, Estonie).
« Les Témoins de Jéhovah sont paisibles et parfaitement intégrés dans la société » (Professeur Clark, États-Unis).
« Malheureusement, la persécution des Témoins de Jéhovah repose sur une logique archaïque et rudimentaire : ils sont rejetés par une partie spécifique de la société qui souvent ne connaît rien à leurs enseignements ni à leurs pratiques. En dépit des poursuites et des perquisitions dont ils sont actuellement l’objet, et même si leurs livres et revues ont été saisis et déclarés extrémistes, les Témoins de Jéhovah de Russie obéissent scrupuleusement aux lois » (Dr Lunkin, Russie).
« Ceux qui ne côtoient pas régulièrement les Témoins de Jéhovah les connaissent peut-être uniquement au travers de leur évangélisation de porte en porte, qui, il faut le dire, dérange parfois. Ceci dit, j’aime rappeler à ces personnes que le droit des Témoins de frapper à leur porte tient au fait que nous vivons dans une démocratie. Nous leur devons une profonde reconnaissance pour avoir défendu leurs droits devant nos tribunaux, car cela a amélioré la protection de la liberté d’expression » (Dr Baran, États-Unis).
« C’est surtout aux États-Unis que j’ai connu les Témoins de Jéhovah, où ils ont apporté une contribution importante à la société. Ils ont joué un grand rôle dans la compréhension du Premier Amendement en prenant la défense des libertés civiles lors de procès célèbres, comme l’affaire Barnette. Paradoxalement, c’est probablement cette histoire de défense des libertés civiles que la Russie redoute » (Professeur Ravitch, États-Unis).
« Grâce à mes recherches sur l’histoire du droit américain, j’en suis venu à mesurer l’énorme contribution que les Témoins de Jéhovah ont apporté pour ce qui est de garantir la protection constitutionnelle des libertés civiles. Leur détermination à exercer librement leur foi a permis une extension des garanties protégeant les droits relatifs au Premier Amendement en faveur de tous les Américains. Ils ont joué le même rôle déterminant dans d’autres pays, ce qui a profité à non seulement à eux, mais aussi à une multitude d’autres mouvements religieux » (Dr Peters, États-Unis).
« Dans mon pays, l’Estonie, les Témoins de Jéhovah jouissent d’une bonne réputation en tant que citoyens. Ils contribuent au bon fonctionnement de la société et paient leurs impôts. Ils comptent parmi les habitants les plus respectueux des lois. Ils ne participent pas au service militaire, mais, comme il existe un service de substitution, ils apportent leur contribution en travaillant dans des écoles, des hôpitaux, etc. » (Dr Ain Riistan, maître de conférences sur l’étude du Nouveau Testament, School of Theology and Religious Studies, université de Tartu ; maître de conférences en théologie des Églises libres et de l’histoire des religions, Tartu Theological Seminary, Estonie).
« Pour ma part, j’ai plusieurs amis grecs qui sont Témoins. Mes anciens voisins à Thessalonique, où je vivais auparavant, étaient Témoins. Où que je sois, je m’insurge contre les persécutions injustes infligées aux Témoins, par principe et parce qu’en règle générale ce sont des chrétiens sincères, des travailleurs courageux et des personnes intègres » (Dr Groen, Autriche).
« Le peu que je connaisse des Témoins de Jéhovah, essentiellement en Espagne, montre que ce sont des gens bien, dévoués et honnêtes, qui ne transigent pas avec leurs principes, ce qui n’est pas forcément négatif, dès lors qu’on peut en discuter de façon raisonnée » (Dr Martinez-Torrón, Espagne).
« Des hommes de foi, comme les Témoins de Jéhovah, sont des citoyens utiles aux pays dans lesquels ils vivent. Il n’y a rien à craindre de leur groupe religieux. Toute discrimination à leur encontre est manifestement injustifiée » (Dr Bernbaum, États-Unis).
« Ce que j’admire chez les Témoins de Jéhovah, c’est leur non-violence et leur rejet de l’idolâtrie comme le nationalisme et le salut au drapeau » (Dr Cavanaugh, États-Unis).
« Je peux dire qu’au regard de la société allemande, je ne les ai jamais perçus autrement que comme des citoyens normaux, droits et discrets, comme le sont la plupart des gens » (Dr Bremer, Allemagne).
« Quand on songe combien les Témoins de Jéhovah d’Europe et du monde entier forment une communauté paisible et œuvrent à l’intérêt général, l’intrusion injustifiée et disproportionnée dont ils sont victimes en Russie apparaît spectaculairement dénuée de fondement. Comme le démontre des études indépendantes d’histoire et de sociologie, les Témoins de Jéhovah jouissent à juste titre d’une réputation solide de citoyens enseignant le respect des lois, la non-violence et l’honnêteté, et contribuant de différentes manières à la croissance, à la cohésion et à la prospérité de la société. Leur liberté est un précieux atout dans la lutte contre l’extrémisme, en Russie et ailleurs » (Dr Ventura, Italie).
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